mercredi 19 novembre 2014

{ Livre } : "Peplum", de Amélie Nothomb

      Etant inconditionnelle des romans de Amélie Nothomb, je me suis dirigée vers une nouvelle lecture de cette auteure. Il s'agit aujourd'hui de "Péplum".

Je vous avouerais que le synopsis de la 4e de couverture ne me plaisait pas tant que ça, mais en ce qui concerne Amélie Nothomb, je ne m'y fis pas beaucoup et préfère me faire mon propre avis en le lisant directement.



"L'ensevelissement de Pompéi sous les cendres du Vésuve, en 79 après Jésus-Christ, a été le plus beau cadeau qui ait été offert aux archéologues. A votre avis, qui a fait le coup ? Pour avoir deviné un des plus grands secrets du futur, la jeune romancière A. N. est enlevée pendant un bref séjour à l'hôpital, et se réveille au xxvie siècle, face à un savant du nom de Celsius. Entre ces deux personnages que tout oppose, elle, furieuse contre ce rapt, lui, contre cette fille qui en sait trop s'instaure une conversation où il sera question de la grande guerre du xxiie siècle, du réel et du virtuel, de voyages dans le passé, mais aussi d'art, de philosophie, de morale. Science-fiction, satire, finesse psychologique d'un affrontement verbal où chacun cherche la faille de l'autre : dans ce mélange détonant on retrouve l'humour acide, l'insolence, l'éclat du style de la romancière."





      "Péplum" présente une forme originale, très peu utilisée par Amélie Nothomb, étant un dialogue continu entre deux personnages, comme s'il s'agissait d'une pièce de théâtre. Toutefois, cette forme peut rendre difficile l'entrée du lecteur dans le récit, puisqu'on ne distingue pas facilement les propos de chaque personnage (même s'ils ne sont que deux), ce qui peut être décourageant. 

Ce roman est quelque peu déconcertant, dans la mesure où le lecteur se retrouve avec de nombreux doutes, sur la réalité du monde qu'il l'entoure, sur la réalité des connaissances qu'on lui a apprises, voire sur la réalité de lui-même. En effet, le dialogue qui est rapporté dans "Péplum" pose diverses interrogations, que ce soit la société actuelle, son fonctionnement, comme la censure, le mariage, et pousse même jusqu'à réfléchir sur la mort.
Par ailleurs, l'auteure met l'accent sur les pouvoirs que peut avoir la parole, telle que la manipulation, et implicitement sur la naïveté naturelle de l'être humain. Au point même qu'à la fin du roman, je me suis surprise à m'interroger sur la véracité des propos de l'auteure, me demandant si l'histoire qu'elle nous relate s'avère s'être vraiment déroulée, ou s'il ne s'agit pas d'une pure fiction de l'auteure (sur ce point, le titre Péplum du roman signifie "film de fiction de reconstitution historique", ce qui pose d'autant plus d'interrogations).

Contrairement à ce que laisse présumer le synopsis, l'intrigue n'est pas basée que sur l'épisode de l'ensevelissement de Pompéi, ce que je craignais au premier abord. Mais au contraire elle s'appuie sur cet événement pour amener à diverses réflexions. Parallèlement, Amélie Nothomb a utilisé cet épisode, telle une preuve d'amour, puisque le personnage Celsius laisse apercevoir un certain attachement à cette ville, en faisant l'apologie. Il justifie son acte par la volonté de préserver la beauté de Pompéi, pour la rendre éternelle. Celsius, lequel, dans la majeure partie du roman, s'est montré très méprisant, se révèle être émotif et touchant, voire humain, ce qui m'a fait douter sur ma première opinion. 
"Péplum" souhaite vraiment dégager les pouvoirs de certaines personnes, quelque peu manipulatrices, qui peuvent remettre facilement en cause les pensées des personnes, tel un endoctrinement.

      Ainsi, "Péplum" se construit comme un dialogue philosophique, entre deux protagonistes qui ne disposent pas d'un même point de vue, ce qui laisse apercevoir un certain cynisme, voire du sarcasme entre eux. 
C'est un roman qui fait beaucoup réfléchir, mais qui, à la fois, se veut amusant. Et, comme dans son habitude, Amélie Nothomb veille à ce que la fin soit déconcertante, voire inattendue, ce qui laisse le livre assez marquant dans l'esprit.


Coup de coeur du livre,  qui met d'autant plus l'accent sur le phénomène du "diktat de la beauté " :
"De mon temps, quand je voyais une personne belle et gracieuse, j'étais émue de cette offrande gratuite. Je me disais: " Il ou elle a tenu à être beau ou belle pour faire de ce jour une oeuvre d'art". Aujourd'hui, si je voyais déambuler un joli corps, j'en serais réduite à penser : " Tiens, voici quelqu'un qui a obéi à la loi" ".



Bisou Bisou, Camille 

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